Critiqué par le député Ehsan Juman sur l’octroi de permis pour le traitement des poissons « by-catch », le ministre Aadil Ameer Meea rejette toute allégation de conflit d’intérêts. Il défend la transparence du processus et dénonce des attaques personnelles, invitant son colistier à saisir les autorités compétentes.
La tension est palpable entre le ministre de l’Industrie, des PME et des coopératives, Aadil Ameer Meea, et le député de la circonscription n°3, Ehsan Juman, également son colistier lors des dernières élections générales. En cause : des commentaires formulés vendredi dernier par le député dans l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus. C’était au sujet de l’octroi d’un permis d’exploitation pour le traitement des poissons dits « by-catch » dans l’enceinte portuaire à la société Aquaris Ltd.
Lors de son intervention radiophonique, Ehsan Juman a soulevé des interrogations sur un éventuel conflit d’intérêts, affirmant que le Senior Advisor du ministre de l’Industrie et des coopératives occupait le poste de secrétaire au sein de cette société au moment de l’attribution du permis.
Des accusations qu’Aadil Ameer Meea rejette catégoriquement. Le ministre balaie d’un revers de main toute allégation d’irrégularités et affirme que le processus ayant conduit à l’octroi des permis s’est déroulé dans un cadre strictement encadré et transparent. Selon lui, un comité interministériel, placé sous la présidence du Premier ministre adjoint Paul Bérenger, avait été mis sur pied afin de mieux encadrer l’exploitation et le traitement des poissons « by-catch » au port.
Ce comité, précise-t-il, a tenu plusieurs réunions et soumis ses recommandations au Conseil des ministres, lequel a par la suite adopté une série de mesures visant à mieux réglementer le secteur. De nouvelles réglementations ont ainsi été édictées, venant remplacer celles en vigueur depuis 2004. Le ministre rappelle également qu’une question parlementaire portant sur les conditions et critères d’éligibilité avait été posée en novembre dernier, permettant ainsi de clarifier les procédures. Aadil Ameer Meea souligne par ailleurs que c’est le ministre de l’Agro-industrie, de la pêche et de la sécurité alimentaire, Arvin Boolell, qui avait fourni les détails relatifs à l’allocation des permis, lesquels ont été accordés à trois entreprises par son ministère, « en toute transparence ».
Revenant plus précisément sur les accusations visant son Senior Advisor, le ministre se montre catégorique : « Il n’était ni actionnaire, ni directeur et n’avait aucun permis en son nom, contrairement à ce que certains tentent de faire croire. C’est totalement faux. Il n’occupait que le poste de secrétaire et il était déjà prévu qu’il soit remplacé lors de l’incorporation de la société », affirme-t-il.
Le ton se durcit lorsqu’Aadil Ameer Meea évoque directement son colistier de la circonscription no3. Selon lui, Ehsan Juman serait animé par une frustration politique, liée au fait de ne pas avoir été nommé ministre. Il qualifie la situation de « regrettable », estimant qu’elle intervient à un moment où le gouvernement est déjà sous pression, notamment après les attaques visant Shakeel Mohamed dans le dossier du Hajj. « Je n’ai aucune leçon à recevoir de lui en matière de bonne gouvernance, encore moins en ce qui concerne la corruption », martèle-t-il.
Attaques personnelles
Le ministre va plus loin, estimant que le député a opté pour une stratégie d’attaques personnelles, notamment en relayant son intervention sur les réseaux sociaux.
« Ehsan Juman est mal placé pour me faire la leçon. Tout le monde sait qu’il a dû faire face à la justice pour corruption », lance-t-il, en se disant contraint de répondre face à ce qu’il considère comme des accusations injustifiées.
Selon le ministre Aadil Ameer Meea, si le député estime qu’il y a eu une irrégularité, il aurait dû emprunter les voies institutionnelles. « S’il pense qu’il y a eu maldonne, pourquoi ne pas être allé voir la police ou même le Premier ministre ? Il est clair qu’il est frustré », affirme-t-il. Il reproche également à Ehsan Juman d’avoir choisi de s’exprimer publiquement plutôt que de privilégier le dialogue interne. « Il aurait pu venir m’en parler au lieu de tout déballer sur les ondes d’une radio. ‘Ou krwar ou kapav travay avek enn dimounn koumsa ?’ » s’interroge-t-il.
Ehsan Juman a répondu à Aadil Ameer Meea dans une publication sur sa page Facebook lundi soir. Il a écrit ceci : « Un chien sur ses pattes n’arrive pas à la hauteur d’un éléphant à genoux. »
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