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Priorité pour le pays en 2026 - Lindsay Rivière : «L’obsession devrait être l’économie» 

Lindsay Rivière et Jérôme Boulle, invités de Jane Lutchmaya, ont passé au crible l’intervention de Navin Ramgoolam, mardi sur Radio Plus.

Au lendemain des déclarations de Navin Ramgoolam sur Radio Plus, les analystes politiques invités de l’émission « Au Cœur de l’Info » livrent une lecture critique. Entre attentes sociales, urgence économique et communication jugée insuffisante, le discours du Premier ministre peine encore à convaincre.

Les déclarations du Premier ministre, Navin Ramgoolam, faites mardi sur les ondes de Radio Plus, continuent de faire réagir. Il s’était exprimé sur plusieurs dossiers majeurs : le rapport du Pay Research Bureau (PRB), les réformes constitutionnelles, la lutte contre la drogue, l’insécurité, ainsi que les enjeux économiques. Une intervention très attendue dans un contexte marqué par la cherté de la vie et une population en quête de réponses concrètes.

Ces propos ont été analysés, mercredi après-midi, dans l’émission « Au Cœur de l’Info », présentée par Jane Lutchmaya. Trois analystes politiques étaient invités à débattre : Lindsay Rivière, Jean Claude de l’Estrac et Jérôme Boulle. Si les échanges ont été nuancés, un constat revient : le discours du Premier ministre ne parvient pas totalement à convaincre.

Pour Lindsay Rivière, l’intervention de Navin Ramgoolam est importante sur le plan démocratique, mais reste « insuffisante en matière de communication politique ». Selon lui, « le pays respire sur le plan institutionnel », mais la réalité économique demeure lourde. « La grande faiblesse, c’est de convaincre. La cherté de la vie est bien réelle. Il y a une volonté, mais on ne ressent pas ce sentiment d’urgence attendu par la population. Il faut agir et l’obssession doit être l’économie », analyse-t-il.

Par ailleurs, l’observateur politique et consultant, Jérôme Boulle, qui estime que le gouvernement fait face à un décalage entre le discours et les attentes. Un an après son arrivée au pouvoir, les promesses tardent à se traduire dans le quotidien. « Quand on écoute le Premier ministre, on a parfois l’impression que c’est surtout un chef de parti qui parle. Revenir aux mêmes arguments ne suffit plus. Il faut désormais prendre des décisions difficiles si l’on veut un vrai changement », affirme-t-il. Il  insiste aussi sur le fait qu’il manque un élan pour faire démarrer la machinerie gouvernementale. 

Les analystes reconnaissent toutefois une gouvernance qui se veut inclusive. Mais cela ne suffit pas à masquer certains manquements, notamment sur les plans économique et politique. Pour Lindsay Rivière, la victoire électorale écrasante de 60-0 a créé une situation paradoxale. « Le pouvoir a été mal préparé à cette victoire. Avec l’essoufflement de l’économie, il y a une forme d’exaspération. Le peuple semble être en avance sur ce gouvernement », observe-t-il. Selon lui, rappeler qu’il reste un mandat de cinq ans, sans annoncer de restructurations majeures, peut finir par démobiliser.

La question d’un remaniement ministériel s’est imposée dans le débat. Pour Jérôme Boulle, cet exercice devient « nécessaire afin d’assurer un meilleur fonctionnement des ministères ». Il estime que certaines responsabilités doivent être mieux définies pour répondre plus efficacement aux défis actuels. Lindsay Rivière partage ce point de vue et considère qu’un remaniement devrait intervenir dans des délais relativement courts. « Il faut placer les bonnes compétences aux bons postes. Nommer un véritable ministre des Finances à plein temps est devenu essentiel », insiste-t-il, évoquant aussi la nécessité d’attirer des investissements majeurs. 

Les échanges ont également porté sur les récentes tensions au sein du gouvernement, notamment après l’intervention de Paul Bérenger face à la députée Stéphanie Anquetil, à la suite d’une question adressée à la ministre Arianne Navarre-Marie sur la gestion des shelters. Sur cet épisode, les analystes ont dressé un tableau relativement unanime.

Pour Lindsay Rivière, l’avenir du gouvernement ne dépend pas uniquement du Premier ministre. « Tout le monde parle de crise, mais il ne faut pas oublier que le facteur de stabilisation dans cette alliance, c’est Paul Bérenger », affirme-t-il. Selon lui, l’autorité de la Speaker s’est affaiblie à la suite de cet incident. « Je pense qu’elle a mal réagi face à la situation, et cela a été perçu par l’ensemble des observateurs », ajoute-t-il.

De son côté, Jérôme Boulle appelle à davantage d’apaisement au sein de l’hémicycle. Selon lui, les parlementaires doivent « mettre de l’eau dans leur vin » afin de préserver un climat plus serein et éviter les suspensions à répétition. Il estime que « ces tensions nuisent à l’image du Parlement et détournent l’attention des véritables enjeux nationaux ».

Jean Claude de l’Estrac, intervenant par téléphone, adopte une lecture plus modérée de l’incident. Pour l’observateur politique, les mécanismes actuels permettent une meilleure gestion des débordements. « Avant, on procédait à des expulsions. Aujourd’hui, je préfère une suspension à une expulsion », explique-t-il, estimant que cette approche contribue à maintenir un certain équilibre institutionnel. Sur le plan économique, Jean Claude de l’Estrac rappelle que les réformes structurelles prennent du temps. « Il nous faut de nouveaux piliers de développement. Il faut aussi faire preuve d’un peu d’indulgence. Les décisions populaires ne se prennent pas du jour au lendemain », souligne-t-il, tout en rappelant que « le gouvernement doit assumer sa part de responsabilité dans la relance du modèle de productivité ». Enfin, Jérôme Boulle insiste sur l’urgence de rétablir la balance commerciale.

Selon lui, « Maurice ne peut plus continuer à dépendre excessivement des importations ». Ce défi, estime-t-il, devra être au cœur des décisions à venir, au risque de fragiliser davantage l’économie.

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