Message de Noël 2025 : Mgr Durhône alerte sur une violence « préoccupante » dans la société

« La violence dans notre société mauricienne demeure préoccupante : violence au sein des familles, sur nos routes, sur nos plages, sur les réseaux sociaux. Elle nous interpelle tous et nous oblige à nous demander quel mal-être traverse notre société et menace la paix sociale. »

C’est le constat dressé par l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, dans son message à l’occasion de Noël 2025.

L’évêque est revenu sur l’année écoulée, présentant la célébration de la Nativité comme un temps d’espérance, tout en mettant en lumière les fléaux persistants qui continuent de fragiliser la société civile.

L’Évêque de Port-Louis a également évoqué les défis qui attendent le pays au cours de l’année à venir, ainsi que les luttes que devra mener la société civile afin de progresser vers une société plus juste et plus solidaire.

« L’année 2026 sera sans doute l’année des défis à relever : bâtir une économie qui fasse de la place aux plus démunis ; mener une lutte sans merci contre le trafic de drogue et continuer à sensibiliser sur les dangers des addictions ; poursuivre une réflexion concernant un projet éducatif au service de l’épanouissement de chaque enfant mauricien et qui ne laisse personne au bord du chemin ; renforcer la confiance dans nos institutions.»

Lisez ici, le message de Mgr Jean Michaël Durhône, dans son intégralité :

« Message de Noël 2025

Chers frères et sœurs de Maurice, d’Agaléga, et des Chagos,

Je suis heureux de m’adresser à vous en cette fête de Noël et je vous souhaite ainsi qu’aux membres de votre famille une joyeuse fête de Noël.

Au moment où se termine l’année civile se termine aussi l’année du Jubilé dans l’Eglise.  Je voudrais rendre grâce au Seigneur pour le chemin d’espérance qui a nous a été donné de parcourir ensemble. Je rends grâce en particulier pour toutes les célébrations du Jubilé vécues dans notre diocèse qui a mobilisé bon nombre de pèlerins. Ces temps forts ont été autant de signes de l’Église en marche, attentive à chacun, particulièrement les pauvres et exclus de la société.

Noël est pour les chrétiens la célébration de l’espérance pour le monde car Celui qui vient est le Prince de la Paix. Avec Le prophète Isaie, nous pouvons dire : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». Cette lumière est Jésus-Christ et, nous chrétiens, croyons qu’Il vient pour réveiller l’espérance dans les cœurs. 

Dieu en Jésus Christ a choisi de naître comme un enfant, dans une société marquée par la violence. Sous l’occupation romaine, les populations vivaient dans la peur et l’injustice. Pourtant, c’est là que Dieu a fait surgir une espérance nouvelle.
Cette année a été marquée par le décès du pape François. Pasteur humble et profondément évangélique, il a laissé à l’Église et au monde un héritage précieux, fait d’appels à la miséricorde, à la fraternité, à l’attention aux plus pauvres et au respect de la création. Nous rendons grâce pour ce témoignage lumineux qui continue d’inspirer notre chemin de foi.

L’élection du pape Léon XIV s’inscrit dans cette continuité d’espérance. À travers son ministère, l’Esprit Saint rappelle à l’Église sa vocation à annoncer l’Évangile avec confiance, à marcher avec les peuples et à demeurer signe d’unité et de paix pour le monde.

Aujourd’hui encore, le monde a besoin d’espérance. Notre Ile Maurice a besoin d’espérance. Cette année, un grand souffle d’espérance nous a été donné à travers les performances de nos athlètes, tant au niveau mondial que régional.

Cependant en célébrant Noël, nous ne pouvons pas oublier tous ceux et celles qui ont été éprouvés cette année. Je pense particulièrement aux familles bouleversées par le suicide d’un proche, plongées dans la douleur et le deuil. Je tiens à transmettre à toutes ces familles mes profondes sympathies et l’assurance de ma prière fraternelle. 

Je veux également porter une attention toute particulière aux familles qui accompagnent au quotidien des enfants porteurs d’un handicap. Ces enfants sont un don précieux pour notre société ; ils ont pleinement leur place parmi nous. À travers leur fragilité, ils nous enseignent la patience, la tendresse, la solidarité et l’amour gratuit. À leurs parents et à leurs proches, souvent éprouvés mais profondément courageux, je veux dire l’estime et la reconnaissance de l’Église. Puissions-nous, ensemble, faire le choix résolu de bâtir une société toujours plus inclusive et respectueuse, où chaque enfant est reconnu dans sa dignité et sa valeur.

La violence dans notre société mauricienne demeure préoccupante : violence au sein des familles, sur nos routes, sur nos plages, sur les réseaux sociaux. Elle nous interpelle tous et nous oblige à nous demander quel mal-être traverse notre société et menace la paix sociale.

Cette fin d’année est également difficile pour beaucoup de Mauriciens. Le Mauricien a vu son pouvoir d’achat diminuer, des familles ont du mal à terminer le mois et sont inquiètes pour leur avenir. Ces réalités ne peuvent nous laisser indifférents.

L’année 2026 sera sans doute l’année des défis à relever : bâtir une économie qui fasse de la place aux plus démunis ; mener une lutte sans merci contre le trafic de drogue et continuer à sensibiliser sur les dangers des addictions ; poursuivre une réflexion concernant un projet éducatif au service de l’épanouissement de chaque enfant mauricien et qui ne laisse personne au bord du chemin ; renforcer la confiance dans nos institutions.

Pour relever ces défis, il faudra décider de continuer à marcher ensemble. C’est en nous accueillant dans la richesse de nos diversités religieuses, ethniques et culturelles que nous pourrons construire ensemble une Ile Maurice solidaire, juste et fraternelle.

Noel est une espérance parce que Dieu s’incarne en Jésus-Christ et vient partager notre quotidien. Accueillons l’Esperance que nous apporte l’enfant de la Crèche.
 
Bonne fête de Noël 

+ Mgr Jean Michael Durhône
Evêque de Port-Louis »