Entre massages et coupes de cheveux : Mamy Ravatomanga bien «gâté» par ses codétenus de Melrose

• Le magnat passera les fêtes de fin d’année derrière les barreaux pour la première fois

Depuis le 2 décembre, le milliardaire malgache Mamy Ravatomanga est détenu à l’Eastern High Securitiy Prison (EHSP) de Melrose. Arrêté le 24 octobre par la Financial Crimes Commission (FCC), il est soupçonné de détournements de fonds massifs de Madagascar vers Maurice. La FCC a retracé une somme totalisant Rs 7,3 milliards par le biais de Judge’s Order et attend désormais des compléments d’information auprès de certaines autorités malgaches. Le richissime magnat passera Noël et le réveillon du Nouvel an derrière les barreaux, une première pour lui.

À la prison de Melrose, l’arrivée de Mamy Ravatomanga a fait l’effet d’une bombe. « Milti milyarder finn vinn dan nou prizon », murmurait-on dans les couloirs de la Marygold Unit, où il a été placé depuis son incarcération. C’est là, au milieu de ressortissants étrangers, que le magnat malgache passe désormais ses journées, loin des uniformes orange des détenus. Vêtu d’un T-shirt jaune fluo, d’un short et de savates Dodo – la tenue fournie par la prison –, il partage son quotidien avec deux codétenus étrangers qui sont rapidement devenus ses compagnons.

Nombreux sont ceux qui ont tenté de se rapprocher de lui. Ayant appris qu’il détenait un compte avec Rs 7,3 milliards, certains détenus ne se sont pas fait prier pour tenter de nouer des liens. « Boukou deteni zot fami mizer, kan zot kone Mamy enn milyarder, zot rod koste ar li pou li met zot fami korek plitar », confient des sources proches de la prison. L’espoir, peut-être, d’un geste généreux une fois dehors.

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. Des détenus malgaches, eux, ont clairement affiché leurs sentiments de non-appréciation envers leur compatriote. De bouche-à-oreille, les gardiens ont rapidement compris que Mamy Ravatomanga ne serait pas très apprécié par ceux qui purgent actuellement des peines, principalement pour des délits de trafic de drogue. Pour des raisons de sécurité, le centre pénitentiaire veille à éviter tout contact. « Zis de lezot prizonie ki ansam dan mem plas ki li, me diferan selil », confie une source.

À son arrivée à l’EHSP de Melrose, l’homme d’affaires malgache, qui venait de sortir de l’hôpital, avait le moral bas. Mais au fil des jours, quelque chose a changé, fait comprendre notre source. Son état psychologique s’est amélioré, et avec lui, son état de santé général. Depuis sa mise en détention, Mamy Ravatomanga jouit même d’une condition physique nettement meilleure qu’auparavant, laisse-t-on entendre. Il ne s’est pas rendu à la Medical Unit et n’a fait aucune demande pour se faire examiner par un médecin.

« Isi li paret fit »

« Isi li paret fit, li bien, li normal. Manze bwar korek, li mem al donn lanket dan Interrogation Room, sou nou eskort », confient des gardiens de prison de la Marygold Unit. Au quotidien, il se nourrit des mêmes menus que les autres détenus : riz, foie de poulet, œufs et poissons frits, légumes. Il ne s’est jamais plaint de ses conditions. Lors de certaines occasions, il reçoit de la nourriture lors des visites de ses avocats, Me Kushal Lobine et Me Joy Beeharry, qui viennent le voir régulièrement. Son épouse et ses proches font également le déplacement, à des heures autorisées.

D’autre part, derrière les barreaux, Mamy Ravatomanga bénéficie de ce que certains appellent des « facilités en matière d’hygiène de vie ». Entre séances de massages et coupes de cheveux, le milliardaire reçoit des soins particuliers de la part de certains détenus. Des tondeuses sont accordées à des détenus spécifiques pour offrir des coupes aux codétenus, et Mamy Ravatomanga en a profité dès le début de son incarcération.

« Li ti pe plegne so seve long depi so arestasion. Kan li’nn vinn prizon lerla li’nn koupe », racontent des sources proches de la prison. La coupe s’est faite par un codétenu à l’aide d’une tondeuse électrique. « Ces détenus sont des génies et très doués », aurait laissé entendre Mamy Ravatomanga après cette première séance. Il s’est également fait masser les pieds à plusieurs reprises par certains détenus.

Ces petites attentions sont loin d’être anodines, et semblent témoigner d’une certaine adaptation à la vie carcérale. Des sources proches de l’enquête à la FCC affirment que Mamy Ravatomanga participe désormais de manière plus collaborative aux séances d’interrogatoire à la prison. Un changement notable par rapport aux débuts. Il a même laissé entendre entre les lignes qu’il aurait souhaité avoir déjà fourni ses explications à la FCC bien plus tôt dans le sillage de l’enquête.

Pendant ce temps, l’investigation suit son cours. La FCC reste dans l’attente de compléments d’information auprès de certaines autorités malgaches dans le cadre de l’enquête sur les agissements financiers du milliardaire. Pour Mamy Ravatomanga, les fêtes de fin d’année seront donc inhabituelles : Noël et le Nouvel an 2025 se passeront entre les murs de Melrose, une première expérience pour l’homme qui a connu une vie de luxe.