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​​​​​​​Sunita raconte Noël chez les Ramgoolam

Chaque année, Sunita rejoint Navin et Veena Ramgoolam pour le déjeuner de Noël.

La sœur du Premier ministre ouvre son album de souvenirs et raconte la magie des fêtes de Noël chez les Ramgoolam, dans leur maison à l’ex-rue Desforges.

Sunita Ramgoolam ferme les yeux. Port-Louis revient d’un coup : les marchands, les rires des voisins, les ruelles qui vibraient sous le soleil de décembre. « Noël avait un parfum particulier : celui des gâteaux, de la cire chaude, de la joie… Et pour nous, les enfants, c’était un enchantement permanent. »

Dans la maison familiale, simple et accueillante, sise à l’ex-rue Desforges, la lecture occupait une place centrale. Chaque après-midi, leur père, Sir Seewoosagur Ramgoolam, s’installait avec son journal. Sunita et Navin le regardaient faire, sans un mot. « Il lisait avec un respect presque religieux. C’est ainsi qu’il nous a transmis la passion de la lecture. Sans discours. Juste par l’exemple. » À Noël, c’était pareil : il leur offrait toujours des livres. « Papa disait que lire, c’était voyager sans quitter la maison. »

Sunita et Navin formaient un tandem. « Nous étions très proches. Très complémentaires. » Cette complicité se lisait jusque dans les petits détails du quotidien, surtout le soir du réveillon. La tradition ne changeait jamais : à minuit pile, ils pouvaient déballer leurs cadeaux. Mais Navin refusait d’ouvrir le sien en premier. « Il disait : ‘Je veux voir ton sourire avant le mien.’ » Elle rit doucement. « C’est exactement lui. L’enfant, l’adolescent, l’adulte. Toujours les autres avant lui. »

Le sapin n’était pas sophistiqué, les décorations étaient simples. Des poupées pour elle, des voitures pour lui. « Mais pour nous, il brillait comme un sapin de conte de fées. Nous étions heureux de ce que nous avions. À l’époque, l’amour donnait de la valeur à tout le reste. »

Sunita éclate de rire en racontant cette histoire. Beaucoup de Mauriciens rendaient visite à leur père et certains lui offraient des dindes pour le déjeuner de Noël. Le problème ? « Papa refusait de les tuer. Il aimait trop les animaux. Alors, nous élevions les dindes ! Elles devenaient des animaux de compagnie. » Résultat : une maison où les dindes cohabitaient avec les enfants. « Nous sommes des ‘animal lovers’ depuis toujours. C’est une évidence. »

Une magie différente

Quand Sunita et Navin sont partis étudier à l’étranger, Noël a pris une autre forme. « Nos parents venaient nous voir. On essayait de recréer la magie, différemment. Mais ce qui comptait, c’était d’être ensemble. » Loin des dindes adoptées et des sapins modestes, mais pas loin du cœur.

Aujourd’hui, Sunita vit à Péreybère. Elle a gardé la tradition du sapin, avec sa propre touche. « Je mets un sapin pour mes chats ! Ils adorent jouer au pied de l’arbre avec les lumières. C’est adorable. » Elle en a une vingtaine. Elle le dit naturellement, avec cette même fierté qu’on met à parler de sa famille.

Chaque année, elle rejoint Navin Ramgoolam et son épouse Veena pour le déjeuner de Noël. « Nous sommes très proches. L’essentiel est dans la simplicité. » Sunita parle de sa belle-sœur avec une vraie affection. « Je ne lui achète pas de cadeau. Le simple ‘Joyeux Noël’ la comble. Elle est d’une simplicité extraordinaire. Je suis très fière d’elle. »

À la fin de l’entretien, Sunita murmure : « Quand j’allume les lumières de mon sapin, je revois notre enfance. Les décorations simples. Papa avec son journal. Les dindes qui couraient. Navin qui me disait : ‘Ouvre le tien d’abord’. Et je me dis que finalement, Noël est le plus beau souvenir que la vie nous ait offert. »

Au rythme de l’amitié et de la liberté

À 78 ans, Alain Teycheney ferme parfois les yeux et revient aux fêtes de Noël de son enfance. Des fêtes simples où l’amitié tenait lieu de trésor. Lucien Finette, Navin Ramgoolam et lui grandissaient ensemble, complices dans les rues de Port-Louis. « La magie de Noël, pour nous, c’était surtout d’être ensemble », confie Alain.

Les odeurs de gâteaux qui s’échappaient des cuisines, les soirées passées à refaire le monde, les longues balades à vélo à travers les quartiers encore calmes. « On riait, on rêvait, on se défiait. C’était notre liberté. » Ce qu’il retient surtout, c’est cette facilité qu’ils avaient à être ensemble, sans façons.

Cyril Empeigne a connu cette même époque, mais par un autre chemin. À l’école primaire Notre Dame de la Paix d’abord, avec Navin et Lucien, puis chez son oncle Gabriel, rue Dioré, où les deux garçons venaient suivre des cours de latin. « Ma tante Marie était professeur du primaire et c’est comme ça que j’ai connu Navin. Mon oncle nous aidait à comprendre le latin. On restait chez lui jusqu’à 21 heures et après on marchait pour le quitter à la rue Desforges. »

À chaque fois, Lady Sushil les accueillait avec cette douceur qui marquait tous ceux qui la rencontraient. Elle gardait toujours une part du dîner de la veille pour Cyril, surtout quand il y avait fête. Ces petites attentions qui tissent les souvenirs.

Cyril se souvient aussi d’un jour particulier – il ne sait plus l’année exacte, probablement celle où Sir Seewoosagur avait été nommé Chief Minister.

« Navin et moi sommes partis assister à l’assemblée législative dans la voiture rouge, une Vauxhall Victor immatriculée B217. » Là-bas, ils ont rencontré Razack Mohamed qui les a soulevés dans ses bras et a lancé à Sir Seewoosagur, dans son accent propre à lui : « Get lavenir Moris. » Un moment dont on ne mesure la portée que des années plus tard.

Dans le salon des Ramgoolam trônait un radiogramme avec tourne-disque Telefunken, à une époque où d’autres familles en étaient encore à leur radio Pye. Navin avait reçu une guitare hawaïenne. « Il adorait la musique », se souvient Cyril. Plus tard, beaucoup de Mauriciens seront étonnés de le voir jouer de la batterie, mais pas lui. « Pour moi cela n’était pas étonnant car il est un vrai mélomane. »

Les années ont passé. Navin a fait son internat à l’hôpital Civil. Cyril s’en souvient pour une raison bien précise : sa femme s’y est retrouvée après un malaise au bureau. « Quand elle a repris connaissance, elle a vu deux médecins à son chevet... le Dr Roland Donat et le Dr Navin Ramgoolam. Mes deux amis. »

Alain Teycheney le dit avec simplicité, presque comme une évidence : « Ce qui compte, ce sont les liens que rien n’efface. » Pour lui, Noël n’est pas qu’une date, c’est une émotion, un héritage, une mosaïque de souvenirs tissés d’amitié. Aujourd’hui, il dit partager encore ce bonheur – différent – avec ceux qui l’entourent. Et dans sa voix, on entend encore la lumière des fêtes de Noël d’antan. Les balades à vélo, les rires, cette liberté d’avant.

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